mardi 5 juillet 2011

Pamir, terre de lumière !
Je me souviens encore de sa visite. Christophe venait souvent boire un tchaï à la maison et cela se terminait toujours avec une immense carte dépliée sur le sol. Lors de cette visite en février 2011 (à peine rentrées du Népal), il m’avait proposé de l’accompagner dans le fameux corridor du Wakhan, en Afghanistan.
Juillet-août 2011 – Dushambe - Tadjikistan : nous retrouvons le pakistanais Alam Jan Dario, l’ami de Philippe et de Christophe depuis longtemps maintenant. 
Nous faisons route pour la frontière afghane à Ishkashim. Route et piste défoncées, entrée émouvante en Afghanistan quelques jours plus tard. Un univers à part. J’observe tout, car tout est sujet à réflexion, à étonnement, c’est un vrai bonheur même s’il n’est pas léger. Car il y a les femmes en burka, la pauvreté, les hommes armés ici et là, et des regards sur nous, incongrues dans cette petite ville où nous préparons notre expédition dans les locaux de l’ONG « Central Asia Institute » où travaille le frère de Alam. Trois jours de jeep sur un terrain horrible pour arriver au bout de la piste au village de Saradh, et nous rentrons dans un vrai paradis de montagnes arides et imposantes. Trois semaines de cheval, des cols à presque 5000 m et nous tombons sur l’immense vallée (4200 m) du
Et un jour, nous faisons demi-tour et quittons le Petit Pamir par l’itinéraire de la rivière : une sente vertigineuse par endroit où les chevaux ont le devoir d’avoir le pied sûr. Un chien pouilleux nous accompagne pour le plus grand bonheur de Lou. Nous sommes accompagnés d’un kirghize austère, et bientôt rejoints par deux wakhis qui nous suivrons jusque Sarhad. La frontière repassée à l’envers, nous profitons de la douceur de vie du Tadjikistan, nous explorons la vallée de Vanj où Philippe termina son vol bivouac en 2008.
Pamir, terre de lumière, nous aura profondément marquées.

 Petit Pamir, le bout du bout du corridor. Là vivent des nomades kirghizes. Lou fait l’attraction des enfants, mais ce peuple fier ne laisse pas beaucoup transparaître sa curiosité. Dans cette vallée reculée, ces nomades ne se sentent pas Afghan. Leur « commerce » se fait essentiellement avec le Pakistan, éloigné d’un col seulement, ou la Chine, au fond du corridor. De temps en temps un colporteur passe, et se fait payer en animaux. Nous irons presque jusqu’à la frontière chinoise avec nos chevaux.
J’ai d’abord pensé à de la pure folie, et puis je me suis souvenue de l’éclat spécial qui brillait dans les yeux de Philippe à son retour d’un vol bivouac au Tadjikistan, à deux pas de ce fameux corridor et du Petit Pamir. Philippe avait été contraint d’abandonner son aventure à la frontière afghane, et nous nous étions jurés tous les deux que nous irions un jour dans cette terre secrète et promise. 

Alors ses rêves m’ont aidé à franchir les peurs de l’inconnu. Lou venait avec moi, je n’imaginais pas l’aventure autrement qu’avec ce bout de Philippe à mes côtés. Christophe serait pour moi ce que Flemming fut pour Ella Maillard, un parfait compagnon de route qui respectait mes pensées secrètes et mes faiblesses. Ce voyage fut une vraie aventure, celle que l’on n’avait pas osé imaginer, celle qui nous cueille vierge de tout, celle qui nous surprend et nous déroute du début à la fin, celle qui nous marque une vie.

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